Comment sensibiliser et mobiliser aux impacts de l'exploitation minière ?

Il est nécessaire d'adapter son message au public visé.

 

Un outil d'information ou de sensibilisation pertinent est un outil qui est intrinsèquement pensé pour la cible concernée.

 

Alors que le grand public sera davantage sensibilisé par les outils audiovisuels, un public ciblé sera plus sensible à des outils pédagogiques.

 

Le public averti (ou conscientisé) sera en attente de démarches plus approfondies (rapport, conférences, etc.)  

L'industrie minérale est complexe (délocalisations géographiques, multiplicité des acteurs, techniques d'exploitation et de traitement du minerai spécifiques, impacts variés, etc.).

Si l'on souhaite sensibiliser aux enjeux de cette industrie, il faut surmonter cet obstacle par renfort de pédagogie et éviter la caricature.

Il s'agit d'intégrer le métal dans sa chaîne de valeur : où est-il transporté ? comment est-il transformé ? à quoi sert-il in fine ?

Pour ce faire, l'approche doit être "personnifiée" car les impacts graves dénoncés concernent des travailleurs, des familles, des écosystèmes, des territoires. Il est nécessaire de présenter le visage des hommes et des femmes qui se cachent derrière.

Ce décryptage réaliste et humain doit également s'attacher à promouvoir les "bonnes actions", les façons de faire réussies et les initiatives ambitieuses. En effet, si l'on veut donner du pouvoir d'agir aux citoyens, il faut éviter le catastrophisme permanent.

Face à l'opacité dont jouissent les filières minérales, deux leviers peuvent être actionnés.

Le premier est d'encourager les filières plus responsables et transparentes, à savoir celles qui respectent les lois et/ou celles qui sont certifiées. Bien qu'il existe actuellement peu de cadres législatifs qui ne peuvent pas être contournés, la réglementation évolue et l'exemple de la loi Dodd Franck est intéressant en cela qu'elle interdit les entreprises américaines à s'approvisionner en ressources alimentant des conflits armés.

Le second levier est d'assumer un discours non neutre. La neutralité, purement statistique et se voulant être le porte-parole de tous les avis, dessert la transparence du message à transmettre.

Si l'on veut dénoncer des faits graves, l’objectif est d’apporter une information réaliste et juste sur une situation, aussi complexe et multipartite soit-elle. 

Créer des parallèles entre l'activité minière et un autre sujet plus connu du grand public est une stratégie à employer (par exemple, l'industrie charbonnière et le changement climatique).

 

Cette approche met de plus en évidence le caractère omniprésent des ressources minérales dans notre modèle de développement.

 

C'est la raison pour laquelle, au delà du consommateur qui est souvent éloigné de la mine, c'est le citoyen qu'il faut interpeller.

 

La question des matières premières minérales est en effet éminemment politique.

En créant la surprise, ce que l’on appellerait au sein des réseaux sociaux « faire le buzz », des messages importants peuvent toucher rapidement un grand nombre et une grande diversité de personnes.

 

Un message "choc" ou une action "coup de poing" a cet intérêt qu'elle peut toucher rapidement le plus grand nombre et amener à une mobilisation massive, mais cela contraint l’acteur de la société civile à être vigilant sur les impacts de cette action.

Les mineurs et leur famille sont les principales personnes concernées par l'industrie minière.

 

Se rapprocher d'eux et leur donner "voix au chapitre" est très important si l'on veut amener à des changements pérennes.

 

Il est en particulier nécessaire de protéger et d'accompagner les "lanceurs d'alerte", témoins des opérations minières et des risques potentiels pour l'Homme et l'Environnement.

De nombreux foyers de contestation parcourent le monde, le plus souvent pour exiger des réparations environnementales ou pour empêcher l'installation d'une exploitation minière prédatrice.

 

Ces luttes doivent être accompagnées et l'information doit être diffusée très largement dans les réseaux internationaux.

 

Ceci a deux implications importantes : assurer une forme de protection aux principales figures militantes et partager les retours d'expériences. 

Ce qui manque le plus souvent aux populations locales c'est la connaissance exacte de leurs droits et des devoirs des exploitants.

 

La société civile doit les accompagner afin qu'ils s'approprient les connaissances suffisantes en matière notamment : de risques liés aux techniques d’extraction ou de traitement du minerai, d'obligations minimales d’un exploitant ou d’un investisseur lorsqu’il souhaite s’installer sur leur territoire et de recours juridiques en cas de violations des dispositions légales en vigueur. 

Les mobilisations locales doivent être plébiscitées à l'échelle internationale et entre les réseaux associatifs.

 

L'objectif est d'articuler ces mouvements avec des actions coordonnées dans les pays dont sont issues les entreprises concernées et de les ancrer dans des actions de plaidoyer vers les organes décisionnels tels que l’Union Européenne.

Lors de l'implantation d'entreprises minières, en particulier des transnationales, les populations locales et les gouvernements fondent de grands espoirs sur les opportunités économiques qu'elles peuvent représenter.

Ces entreprises développement des infrastructures, proposent des emplois voire mènent des projets sociaux. Ces initiatives sont souvent mal perçues par les ONG étrangères car elles peuvent servir de "monnaie d'échange" ou biaiser les relations Etat-entreprise.

Pour autant, les populations sont de plus en plus demandeuses d'actions sociales et c'est pourquoi les acteurs de la société civile doivent s'adapter à ces nouveaux contextes et permettre à chacun des acteurs concernés de s'exprimer.

La difficulté la plus grande est alors de créer un espace d'échange égalitaire.

Un projet minier représente des montants colossaux et une prise de risque financière réelle.

 

Un levier d'action est donc d'interpeller les investisseurs et les financeurs (banquiers par exemples) vis-à-vis des risques encourus par la prise en compte des risques environnementaux et sociaux, qui ne sont jamais considérés par les entreprises exploitantes. ​

On oppose souvent les démarches volontaires et contraignantes pour amener une entreprise à des formes de responsabilité sociale et environnementale.

 

La société civile agit préférentiellement sur le second volet.

 

Cependant, on constate que les entreprises, même dans l'ombre, sont attentives à leur image et donc à leurs "bonnes actions".

 

La société civile a tout intérêt à pousser un industriel dans une impasse de ce type lorsque les autres démarches ne peuvent aboutir.