Rapport d'étude | Mine d’argent-mercure d’Imider, Maroc

8 mai 2020
SystExt

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À quelques 300 km au sud-est de Marrakech se situe la commune d’Imider, dont les populations vivent essentiellement de l’activité agricole vivrière. Dans cette région caractérisée par un climat semi-désertique, la ressource en eau est rare et se trouve au cœur de conflits socio-environnementaux depuis de nombreuses années. Les eaux souterraines sont en effet exploitées pour l’alimentation d’une mine d’argent-mercure installée dans la zone depuis 1969. D’après les populations locales, les pompages pour les besoins en eau de la mine seraient à l’origine de diminutions de débits et de tarissements des captages d’eau qu’elles utilisent.

En réponse à une sollicitation du collectif Mouvement sur la voie de 96 Imider, SystExt a mené une analyse des risques potentiels sur les eaux souterraines et de surface, comprenant deux volets : une étude bibliographique détaillée et une mission de terrain de deux jours en avril 2019.

► Le rapport est disponible en téléchargement ci-dessous.

Schématiquement, on distingue quatre ensembles géologiques sur le secteur. Chacun de ces ensembles comporte des formations aquifères et des structures drainantes permettant la circulation des eaux. Il apparaît peu probable que les eaux circulant au niveau du site minier communiquent avec les terrains aquifères des autres compartiments. Cependant, les données hydrogéologiques recueillies ne permettent pas d’exclure l’existence de connexions hydrauliques entre les nappes souterraines captées au nord de la commune, dont les eaux sont canalisées vers la mine, et les nappes captées par les populations riveraines, dans la vallée.

Les zones minéralisées exploitées dans le gisement sont principalement composées de sulfures et de sulfosels, avec la prévalence de nombreux métaux et métalloïdes : argent, mercure, arsenic, antimoine, cuivre, zinc, plomb, cobalt, nickel, vanadium et chrome, notamment. Les résidus miniers sont stockés dans douze parcs à résidus totalisant une surface de 100 hectares. Des facteurs pénalisants ont été mis en évidence sur leur situation : non couverture des parcs à résidus, non étanchéification en base des ouvrages, comblement presque complet des fonds de vallon au nord du site minier, obturation de certains cours d’eau, « superposition accidentelle » de parcs à résidus.

Des mécanismes d’entraînement de matériaux résiduaires se produiraient depuis des années et se poursuivraient actuellement (fuites, écoulements de lixiviats, érosion des déchets miniers et des sols pollués présents au niveau du site minier, etc.). Il en résulte un risque de pollution des cours d’eau qui traversent le site minier et de l’oued principal Assif NTarguit, tout particulièrement le compartiment « sédiments et alluvions ». Ceci menace la qualité des eaux captées dans la vallée par la population riveraine.

SystExt recommande :

- la mise à disposition de la société civile des études hydrogéologiques sur les zones de captage de la mine qui ont permis de conclure à l’absence de risques pour les ressources en eau utilisées dans la vallée ;
- la réalisation de prélèvements et d’analyses au niveau des points d’eau utilisés comme eau potable, pour les usages domestiques et pour l’irrigation des zones agricoles ;
- la mise en œuvre d’une étude environnementale et sanitaire dans l’environnement du site minier, et ce, jusqu’à des zones qui sont susceptibles d’être polluées en aval.