Conférence | Regards croisés sur les violations de droits humains en contexte de ruée minière mondiale

10 septembre 2024
SystExt
Enjeux de droits humains afférents à l'industrie minière à l'international | Création : © SystExt · Juillet 2024
SystExt, en partenariat avec le Centre international de culture populaire (CICP), organise une conférence destinée à faire la lumière sur les violations de droits humains en contexte d'exploitation minière industrielle le samedi 23 novembre 2024 à Paris. Alors que les entreprises minières s’engagent de plus en plus à respecter les droits fondamentaux et à mettre en œuvre les "bonnes" et "meilleures" pratiques associées, ces violations se multiplient à l'international. De plus, l'intérêt récent pour les filières minérales que suscitent les scénarios de "transition" énergétique fait craindre une aggravation de ces situations inacceptables. Il est donc crucial d’écouter le témoignage des personnes affectées et de documenter les réelles implications de nos modes de production. SystExt et le CICP sont ainsi honorés d'accueillir : Georgine KENGNE DJEUTANE, économiste, coordinatrice senior, spécialisée en droit des femmes et industries extractives à WoMin African Alliance, Cameroun ; et Juan Pablo GUTIERREZ, défenseur de la Terre Mère, professeur en études décoloniales et délégué international du peuple Yukpa de Colombie.


▪ Contexte

Le modèle de développement économique et industriel de nos sociétés occidentales dépend intrinsèquement des ressources minérales et se fonde sur une croissance exponentielle de leur production. Les scénarios de "transition" énergétique proposés par les gouvernements et les organisations internationales ne font pas exception. Ils reposent sur des besoins en métaux considérables qui s'ajoutent à des prévisions de production métallique sans précédent. Dans ce contexte, de nombreuses institutions nationales et internationales promeuvent en priorité une intensification de l’activité minière partout où cela est possible, depuis les forêts primaires jusqu’aux grands fonds marins. Elles sont cependant peu enclines à mentionner les conséquences humaines, sociales et environnementales des filières minérales et l’aggravation des inégalités qu’elles induisent.

En effet, d'après le Business & Human Rights Resource Centre (BHRRC) [1], l'industrie minière est responsable du plus grand nombre d'attaques contre les défenseurs des droits humains, tandis que l'Environmental Justice Atlas rapporte qu'elle est la principale cause de conflits socio-environnementaux dans le monde [2]. De plus, malgré le nombre grandissant d'initiatives volontaires (chartes, standards, guides de bonnes pratiques, etc.) censées prévenir ces impacts et garantir la mise en œuvre de pratiques respectueuses des humains et de l’environnement, le nombre de violations de droits humains ne cesse d'augmenter. Ces violations s'avèrent graves et multiples : mise en péril de l’accès à l’eau, accaparement des terres et des ressources de subsistance, contamination des milieux de vie, relocalisation forcée, agressions sexuelles, harcèlements et menaces, violences, meurtres, arrestations arbitraires, non-respect de la liberté d’association et de négociation, discrimination, destruction de lieux culturels, etc. Les populations autochtones sont particulièrement ciblées et affectées.

En Europe, tandis que la question des métaux nécessaires aux véhicules électriques et aux énergies renouvelables prend une place grandissante dans l’espace public et médiatique, ces réalités restent méconnues ou ne portent que sur quelques métaux et quelques pays. Elles constituent pourtant le quotidien de milliers de personnes dans le monde entier, et concernent tant les exploitations de fer, de charbon ou d’aluminium que celles de lithium, de cobalt ou de terres rares.

Parallèlement, la société civile internationale s’inquiète de la communication "orientée" des promoteurs de la relance minière qui la présentent comme une nécessité pour répondre à l’urgence climatique et qui associent conséquemment exploitation minière et pratique "durable" ou "responsable". Cette rhétorique a pour effet de neutraliser la critique et de dépolitiser les luttes locales et internationales. De façon paradoxale, les défenseurs des droits du Nord global sont désormais accusés de nuire à la protection de l’environnement, ou encore, de promouvoir l’exploitation des pays du Sud global, par leur lutte contre certains projets miniers ou certaines pratiques minières.

Depuis des dizaines d'années, de très nombreux représentants de la société civile dénoncent le modèle insoutenable sur lequel repose l'industrie minière. Selon eux, l'intérêt récent pour les filières minérales que suscitent les scénarios de "transition" énergétique fait craindre une poursuite de ce modèle et une aggravation de tous les impacts. Il est donc crucial d’écouter le témoignage des personnes affectées et de documenter les réelles implications de nos modes de production.


Membre de la communauté autochtone Mangyan-Tagabukid affectée par des opérations minières de nickel sur l’île de Sibuyan, Philippines | © Global Witness (Basilio Sepe) · 2023 [3]

▪ Programme

17:00 · Ouverture des portes et vérification des inscriptions à l'entrée ► Fermeture des portes à 18:30
18:00-18:15 · Introduction, objectifs et contexte de la conférence
18:15-18:45 · Intervention d'Aurore STÉPHANT, ingénieure géologue minier, spécialisée dans les risques associés aux filières minérales, Association SystExt
18:45-19:15 · Intervention de Georgine KENGNE DJEUTANE, économiste, coordinatrice senior, spécialisée en droit des femmes et industries extractives à WoMin African Alliance, Cameroun
19:15-19:45 · Intervention de Juan Pablo GUTIERREZ, défenseur de la Terre Mère, professeur en études décoloniales et délégué international du peuple Yukpa de Colombie
19:45-20:00 · Pause
20:00-21:00 · Table-ronde avec les trois intervenants animée par SystExt : traitement des questions posées par les participants
21:00-22:30 · Poursuite des échanges autour d'un buffet proposé par la Cantine des Pyrénées

L'intégralité de la conférence se tiendra en langue française.


Rivière Paraopeba contaminée suite à la rupture de digue de la mine de fer de Brumadinho, Brésil | IBAMA (Felipe Werneck) · Janvier 2019 · cc by-sa 2.0 [4]

▪ Informations pratiques

Samedi 23 novembre 2024 de 18:00 à 21:00
Centre international de culture populaire (CICP) · 21 ter rue Voltaire, 75011 Paris

Ouverture des portes à 17:00 ; Fermeture des portes à 18:30

Rediffusion en direct sur internet
• Liens de connexion publiés le jour de l'événement sur cette page
• Vidéo disponible en ligne après l'événement

Les participants sont invités à verser une contribution volontaire pour soutenir le financement de l'événement. Cette contribution est essentielle pour aider SystExt à prendre en charge l'ensemble des postes de dépenses, qui portent sur l’accueil des intervenant.e.s (vols et transports, hébergement, nourriture), le service d'ordre, le temps de la salariée de SystExt en charge du projet, l'organisation du buffet ou encore les supports de communication.

▪ Notes

[1] Business & Human Rights Resource Centre (BHRRC). (Mai 2024). Transition Minerals Tracker: 2024 Analysis. Lien.
[2] EJAtlas - Global Atlas of Environmental Justice. Lien.
[3] Global Witness. (Septembre 2023). Standing firm: The Land and Environmental Defenders on the frontlines of the climate crisis. Lien.
[4] Album complet sur Flickr.com. Lien. Informations complémentaires disponibles dans : SystExt. (Mai 2023). Entretien Thinkerview du 26 février 2023 · Sources et compléments. Lien.

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