Sur le territoire de Figeac-Planioles, une gestion inadaptée des sources de pollution depuis l'exploitation jusqu'à la réhabilitation

4 juillet 2023
SystExt
Parc à résidus miniers dit "digue n°1", site de la laverie des Justices | A. Calmet pour SystExt · Octobre 2022 · cc by-nc-sa 3.0
Depuis juin 2020, SystExt mène un projet d’étude qui souhaite mettre en exergue les réalités de l’après-mine en France métropolitaine. Dans ce cadre, une vingtaine d’anciens sites miniers dans une dizaine de départements ont été visités, afin de rencontrer des populations affectées ainsi que les autres acteurs concernés par les pollutions minières. SystExt revient sur ces territoires miniers au travers d'une seconde série de 6 reportages de terrain, étayés de recherches bibliographiques. Cinquième volet de cette nouvelle série : Planioles dans le Lot, anciennes mines de plomb-zinc.

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1. Développement des travaux miniers durant la période ancienne (1886-1920)

Le secteur minier de Planioles, situé quelques kilomètres au nord de Figeac, a été exploité pour le zinc et le plomb (i). Des travaux de surface relativement modestes ont été menés dès le Moyen Âge et jusqu'en 1886, date d'octroi des concessions de Figeac et de Planioles (ii) [1]. Cette date marqua le début de la période ancienne, caractérisée par une exploitation à l'échelle industrielle, avec : le développement des travaux miniers souterrains au niveau des sites de Combecave et de Fèges ; l'installation d'unités de scheidage sur les carreaux de ces deux sites ; la construction d’une laverie au lieu-dit La Curie [1]. La production cessa en 1913 du fait de la baisse du cours du zinc et de l’épuisement des amas minéralisés [1]. Malgré quelques tentatives de reprise par la suite (iii), les deux concessions furent renoncées en 1924 [1].


Carreau du site d'exploitation de Fèges et unité de scheidage (période 1899-1913) | Édit. Lala & fils; tiré du site de la mairie de Planioles · Lien

2. Intensification industrielle durant la période moderne (1959-1967)

Des recherches minières ont été entreprises sur le secteur à partir de 1958 (iv) et ont mis en évidence un nouveau gisement, Amédée, situé entre les sites de Combecave et de Fèges [1]. Dès 1959, l'exploitant procéda à des travaux de reconnaissance en souterrain ainsi qu'à des travaux d'aménagement en surface, en particulier la construction d'une laverie par flottation au lieu-dit Les Justices (v) [1]. La concession de Planioles fut octroyée en 1965 mais l'exploitation minière s'arrêta deux ans plus tard du fait de la baisse du cours des métaux [1]. Durant les périodes ancienne (1886-1920) et moderne (1959-1967), le secteur produisit 70 000 t de métal (60 000 t de zinc et 10 000 t de plomb, pour 1 270 000 t de tout-venant), le classant parmi les dix premières exploitations françaises de plomb-zinc [1].


Carreau de la laverie des Justices mis en sécurité | E. Feyeux pour SystExt · Octobre 2022 · cc by-nc-sa 3.0

3. Matériaux résiduaires de la période ancienne massivement dispersés

Les activités minières de la période ancienne ont été à l'origine d'importants dépôts de stériles au niveau des sites de Combecave et de Fèges. Ce dernier présente en particulier un dépôt de 13 hectares pour plus de 30 m de hauteur dont plusieurs dizaines de milliers de mètres-cubes ont été utilisés à des fins d'aménagement chez des particuliers (vi) [1]. Ces activités ont également donné lieu à deux dépôts de résidus : le dépôt d'Hauteval, d'une surface de 18 hectares pour un volume compris entre 100 000 et 200 000 m3 ; le dépôt de la laverie de la Curie - d'emprise et de volume comparable - qui n'est plus visible aujourd'hui (vii) [1]. Cette laverie procédait à la décantation des boues résiduaires dans une série de bassins, dont le dernier avait été aménagé dans le lit du ruisseau de Planioles (viii) [1]. À cet endroit, les berges sont recouvertes de résidus très fins sur plusieurs mètres de hauteur (ix) [1].


Laverie de la Curie avec dépôt de la laverie (qui n'est plus visible aujourd'hui) au premier plan, et dépôt d'Hauteval à l'arrière-plan (période 1905-1920) | Édit. Lala & fils; tiré du site de la mairie de Planioles · Lien

4. Difficultés majeures dans la gestion des résidus de flottation (1962-1967)

La période moderne fut caractérisée par une gestion particulièrement problématique des résidus générés par la laverie des Justices. Dès juin 1962, cette laverie - alors usine-pilote - a procédé au stockage des déchets miniers dans un premier parc à résidus dit "digue n°1" mais aussi au remblayage hydraulique des anciens travaux souterrains de Combecave (x) [1]. Du fait de la nature karstique des circulations d'eaux dans le vallon, et de connexions entre l'aquifère minier et les aquifères naturels (xi), ces derniers déversements ont entraîné des "sorties d'eaux troubles" ([1], p. 239) dans le ruisseau de Planioles et ont généré des perturbations sur plusieurs dizaines de kilomètres en aval, jusqu'à la confluence avec le Lot [1]. En réponse, un second parc à résidus dit "digue n°2" a été mis en service à partir d'avril 1964 [1]. Suite à la rupture de cette installation en novembre 1966 (voir paragraphe 5), les résidus miniers ont été déversés dans les travaux d'Amédée [1]. Ce nouveau remblayage hydraulique fut maintenu jusqu'à l'arrêt définitif des activités minières en 1967 [1].


Partie sommitale de la digue n°1, site des Justices | B. Bergnes pour SystExt · Octobre 2022 · cc by-nc-sa 3.0

5. Rupture de la digue n°2 à l'origine d'une coulée de boue catastrophique

Le 30 novembre 1966, une rupture s'est produite au niveau de la digue n°2 [1]. Une brèche large d'environ 20 m fut à l'origine de la libération d'environ 40 000 m3 de résidus dans la vallée sous-jacente [1]. La responsabilité de l'exploitant fut mise en cause étant donné qu'il "[...] n’a pas tenu compte des signes préalables de faiblesse de l’installation et du support argileux sous-jacent." ([1], p. 77) (xii). La coulée de boue a traversé des granges et des habitations et recouvert 17 hectares de terres agricoles, avant de rejoindre la rivière Drauzou, située à plus de 1,5 km en aval [1]. Face à l'inaction de l'exploitant plusieurs années après le sinistre, les agriculteurs réalisèrent eux-mêmes des opérations de déblaiement ou de mélange des résidus avec les terres (xiii) [1].


Parc à résidus digue n°2 en arrière-plan, et terres agricoles localisées sur la trajectoire de la rupture de digue de novembre 1966 au premier plan | E. Feyeux pour SystExt · Octobre 2022 · cc by-nc-sa 3.0

6. Pollution des sols avérée mais probablement sous-estimée

Sur l'ensemble du secteur, 19 dépôts de déchets miniers ont été inventoriés par GEODERIS [1]. Si certaines sources de pollution ont été précisément cartographiées et caractérisées (comme le dépôt principal de Fèges, le dépôt d'Hauteval ou les digues n°1 et n°2 - voir paragraphes 3 et 4), d'autres ne l'ont pas été. Il s'agit de celles qui ont été progressivement invisibilisées par végétalisation ou mélange avec les sols (xiv) [1], ainsi que de celles qui sont issues de : (1) l'entraînement des matériaux par érosion hydraulique ou éolienne (xv) ; (2) la dissémination anthropique (voir paragraphe 3) ; (3) le déversement volontaire ou involontaire dans les cours d'eau et dans les plaines alluviales (xvi). Compte tenu des concentrations élevées - en particulier en plomb, en zinc et en cadmium - de tous ces matériaux résiduaires (xvii) [1], SystExt suppose que la pollution des sols s'étend bien au-delà des zones investiguées par GEODERIS en 2018-2019.


Localisation des dépôts miniers et des installations minières sur le secteur de Planioles ; modifié d’après ([1], Annexe 7, p. 283)

7. Travaux de mise en sécurité et de réhabilitation très insuffisants

À l’issue de la période ancienne, seuls quelques travaux de mise en sécurité des ouvrages débouchant au jour (ODJ) ont été réalisés [1]. Concernant la période moderne, la renonciation fut actée en 2004 après que les installations de surface ont été démantelées et les ODJ mis en sécurité (xviii) [1]. Une entreprise de travaux publics - ayant racheté les digues n°1 et n°2 en 1976 - a obtenu l'autorisation d'exploiter ces "haldes de sables" en 1982 ([2], p. 49) (xix). Afin "[...] d’assurer la sécurité et la stabilité des dépôts [...], de limiter les importants phénomènes d’érosion constatés et de réduire les impacts éventuels sur les eaux superficielles [...]" ([1], p. 73), l’entreprise a dû effectuer des travaux de réhabilitation en 2014 (xx) [2]. D’après les observations de SystExt en octobre 2022, ces travaux n’ont cependant pas permis de limiter efficacement l’érosion hydraulique et éolienne.


Barrières anti-sable installées sur les talus des digues n°1 et n°2 dans le cadre des travaux de réhabilitation effectués en application de l’arrêté préfectoral de 2013 | B. Bergnes pour SystExt · Octobre 2022 · cc by-nc-sa 3.0

8. Risques majeurs pour les eaux souterraines

Les travaux miniers souterrains (TMS) des trois zones d’exploitation (Fèges, Amédée et Combecave) sont presque intégralement ennoyés [1]. L'aquifère minier ainsi constitué présente des concentrations élevées en zinc (plusieurs centaines de µg/l), et des concentrations anomaliques en plomb, en arsenic et en cadmium (quelques µg/l) [1]. Trois processus sont à l'origine de sa contamination : (1) la mise en contact des eaux avec les faciès minéralisés présents dans les vides souterrains ; (2) le mélange avec les résidus stockés dans les TMS, dont la volume est estimé à plusieurs dizaines de milliers de mètres-cubes ; (3) l'infiltration des eaux de pluie traversant les dépôts miniers. La nature exacte des interactions entre l'aquifère minier et les aquifères naturels n'est pas connue (xxi), bien qu'elles aient été confirmées par plusieurs épisodes de pollutions historiques lors desquelles des sources naturelles ont rejeté des eaux minières dans des ruisseaux (voir paragraphe 4) (xxii) [1]. Le secteur se caractérise donc par des risques élevés de contamination des eaux souterraines et des risques d'inondation en cas de forte montée des eaux dans les aquifères (xxiii) [1].


Vestiges d’un bassin de décantation construit dans le lit du ruisseau de Planioles, site de la Curie | SystExt · Octobre 2022 · cc by-nc-sa 3.0

9. Mise en évidence d'incompatibilités d'usage actuelles et futures

Une étude sanitaire et environnementale a été réalisée de 2018 à 2021 par GEODERIS [1]. 48 résidences ont ainsi fait l’objet d’investigations et 199 scénarios d’exposition - dont 57 génériques (xxiv) - ont été étudiés [3]. Elles se situent sur les sites des Justices, de Combecave et de la Curie, et plus particulièrement dans l'environnement proche des principaux dépôts miniers [1]. Hors scénarios génériques, 13 d'entre elles sont concernées par un ou plusieurs scénarios incompatibles [1], principalement du fait de concentrations élevées en arsenic et en plomb dans les sols [3]. Seulement pour les scénarios génériques, 20 résidences présentent des incompatibilités d’usage, principalement associées à des activités de jardinage ainsi que de jeux en extérieur par des enfants [1] [3].


Dépôt de résidus d'Hauteval, site de la Curie | B. Bergnes pour SystExt · Octobre 2022 · cc by-nc-sa 3.0

10. Nombreuses recommandations sanitaires et environnementales

En conclusion de son étude, GEODERIS a émis 20 recommandations [1]. Sur le plan environnemental, l’expert après-mine recommande notamment d’interdire impérativement les emprunts de matériaux au niveau des dépôts, et de réaliser des travaux de gestion sur certains d'entre eux (xxv) [1]. Rien n'est cependant préconisé par rapport à l’aquifère minier et aux déchets miniers stockés dans les TMS [1]. Sur le plan sanitaire, "[…] aucune mesure d’urgence n’est nécessaire au vu des usages constatés.ʺ ([1], p. 247) GEODERIS recommande toutefois : d’informer la population (xxvi) [1] ; ʺde mettre en place des panneaux interdisant l’accès aux dépôts de déchets [...]ʺ ([1], p. 248) ; ʺ[...] aux élus locaux, de ne plus autoriser l’installation de résidences, qu’elles soient occupées de manière temporaire ou permanente, à proximité des dépôts, notamment des ‘digues’ n°1 […] et n°2 […]ʺ ([1], p. 248).


Installation d’un peigne à embacle (permettant de retenir les troncs d'arbre ou tout autre objet entraîné par les eaux lors d'une crue) dans le ruisseau de Planioles au niveau d'un dépôt de résidus miniers, site de la Curie | A. Calmet pour SystExt · Octobre 2022 · cc by-nc-sa 3.0

11. Responsabilisation des élus locaux dans la gestion des problématiques après-mine

Afin de restituer les résultats de l’étude sanitaire et environnementale à la population, les services de l’État ont mis en oeuvre les mêmes démarches d'information que celles menées sur le secteur d’Asprières (voir la publication associée) [4]. Lors de sa mission de terrain sur le secteur de Planioles, l'association a constaté une responsabilisation particulièrement forte des élus locaux. En effet, un élu rencontré par SystExt a mentionné que sa mairie, en concertation avec d'autres communes concernées, prévoyait d'organiser une réunion publique et de mettre en place des panneaux d’information et d’interdiction d’accès. Les compétences et moyens nécessaires à une réalisation pertinente de ces mesures relèvent pourtant de l’État. Cette décharge de responsabilité est un frein important à une réelle prise en charge des risques, notamment sanitaires.


Érosion en pied de dépôt sur la digue n°1 et entraînement de résidus miniers sur le chemin goudronné, site des Justices | B. Bergnes pour SystExt · Octobre 2022 · cc by-nc-sa 3.0

12. Populations laissées-pour-compte

Au-delà de l’information de la population, aucune mesure recommandée par GEODERIS sur les plans sanitaires et environnementaux n’a été mise en œuvre. Deux ans après la fin de l’étude, les habitants rencontrés par SystExt étaient toujours en attente d’information concernant les modalités de dépistage sanitaire. De plus, dans les courriers envoyés aux riverains concernés par des investigations, les services de l'État ont préconisé un ensemble de conseils pratiques (xxvii) [4]. La mise en oeuvre de ces conseils particulièrement contraignants est néanmoins laissée à la discrétion des propriétaires concernés [4]. Par ailleurs, le document précise : ʺLa mise en œuvre de ces recommandations relève de votre décision, l’État et son appui technique ne pouvant être tenus pour responsables des conséquences directes ou indirectes qu’elles pourraient causer([4], p. 8) Finalement, les mesures prises par les services de l’État ont eu pour effet de persuader les élus et les riverains du secteur qu’ils sont responsables des risques et de leur gestion.


Zone d'habitation située à proximité des digues n°1 et n°2, site des Justices | E. Feyeux pour SystExt · Octobre 2022 · cc by-nc-sa 3.0

► Notes

(i) La minéralisation du secteur de Planioles était principalement composée de : sphalérite (ZnS), galène (PbS), hydrozincite (Zn5(CO3)2(OH)6), smithsonite (ZnCO3), barytine (BaSO4), goethite (FeO(OH)) ; et accessoirement de : cérusite (PbCO3), marcassite (FeS2), pyrite (FeS2) [1].
(ii) Les concessions de Figeac (surface de 581 hectares) et de Planioles (surface de 282 hectares) ont été instituées le 27 février 1886 pour le zinc et les métaux connexes, sur le territoire des communes de Figeac, Planioles et Camburat [1].
(iii) Après la diminution significative de la production en 1913, quelques tentatives de reprises infructueuses conduisirent à la déclaration de l'arrêt de l'exploitation le 03/01/1920 [1].
(iv) Le permis exclusif de recherches minières (PERM) dit "Permis de Figeac" fut octroyé le 30/10/1958 pour une durée de 3 ans, puis fut prolongé le 05/05/1962 jusqu'au 06/11/1964 [1].
(v) L'installation de la laverie au lieu-dit Les Justices fut autorisée le 15/07/1965. Elle fonctionna cependant entre mai 1962 (laverie-pilote) et 1967 (date de l'arrêt de l'exploitation) [1].
(vi) La dissémination des stériles du dépôt principal du site de Fèges s'est déroulée de façon récurrente durant les dernières décennies : "Des activités de prélèvements ont été constatées par GEODERIS à plusieurs reprises lors des campagnes de terrain. De nombreux témoignages précisent que de très nombreuses habitations de la région comprennent des matériaux issus de ce dépôt (remblai de cave, de cour, etc.)." ([1], p. 158)
(vii) Concernant le dépôt de résidus miniers de la laverie de la Curie, GEODERIS précise : "Nous ne disposons d’aucune information sur le retrait des matériaux potentiellement issus de l’extraction minière, qui sont visibles sur les photographies fournies [dans un précédent paragraphe], toutefois ils ne semblent plus être présents." ([1], p. 152)
(viii) Au niveau de la laverie de la Curie, le "[...] ruisseau de Planioles avait été barré pour y constituer un bassin de décantation." ([1], p. 152) Les vestiges de ce bassin sont toujours visibles, et "[...] les résidus de traitement très fins qui ont décanté à l’arrière de cette structure sont toujours présents dans le fond de vallée sur plusieurs mètres d’épaisseur [...]." ([1], p. 152)
(ix) La rivière le Célé a comme affluent le ruisseau de Planioles. Leur confluence se situe au coeur de la ville de Figeac, 1 kilomètre environ au sud de la laverie de la Curie. Des plaintes de riverains ont été formulées en 1907 et 1908 concernant la pollution du Célé, à plus de 20 kilomètres en aval de Figeac : "Des riverains des communes de Figeac, Comboulit, Béduer, Boussac, Corn, Espagnac et Brengues, se sont plaints auprès du Préfet du Lot en 1907 et en 1908, relatant des rejets d’ "eaux bourbeuses chargées en sulfate de zinc" imputables à [l'exploitant], provoquant une mortalité importante des poissons, nuisant à la pêche, à l’arrosage des jardins, à la toilette, au lavage du linge et à l’abreuvage des animaux." ([1], p. 75)
(x) Les eaux boueuses utilisées pour le remblayage hydraulique des travaux miniers souterrains de Combecave (de juin 1962 à janvier 1964) correspondaient aux produits issus de la décantation des résidus miniers dans la digue n°1 [1]. Il s'agissait donc de résidus miniers équivalents, mais présentant une fraction solide plus faible.  
(xi) Concernant l'impact du remblayage hydraulique des travaux de Combecave, GEODERIS explique que : "Suite à l’observation, en janvier 1964, d’une résurgence des eaux minières en un point précis du ruisseau des Carmes [autre nom du ruisseau de Planioles], la responsabilité de la mine a été constatée. En effet, la circulation karstique des eaux dans le vallon était connue pour être de nature à remettre en mouvement les particules fines qui y ont été déversées, lorsque les résurgences se réamor[çaient]." ([1], p. 66) et ajoute que "[...] l'évacuation dans le Célé [dont le ruisseau de Planioles est un affluent] de ces eaux boueuses perturb[ait] considérablement la capacité biogénique du cours d'eau par le colmatage du lit et par un effet répulsif sur la faune et la flore aquatiques aboutissant à une stérilisation du cours d'eau." ([1], p. 75)
(xii) Des mouvements de terrain sous-jacents ainsi que des crevasses ont été observés l'année précédant la rupture de la digue n°2 [1]. Des opérations de confortement et de drainage des eaux avaient été réalisées mais ne permettaient pas de résoudre les problématiques intrinsèques dans la construction du parc à résidus : "Le principe même de construction du bassin a été mis en cause : la classification des éléments par gravité était insuffisante et il y avait des risques de présence de particules fines près de la base de la digue." ([1], p. 77)
(xiii) Suite à la rupture de digue de novembre 1966, certaines parcelles agricoles étaient toujours partiellement recouvertes de matériaux résiduaires en 1973, selon des photographies aériennes [1].
(xiv) L'invisibilisation des dépôts de déchets miniers concerne notamment certains dépôts de stériles de la période ancienne, les résidus stockés en bordure de la laverie de la Curie ou encore les résidus déversés par la rupture de digue de 1966 [1].
(xv) Les phénomèmes d'érosion hydraulique et éolienne sont particulièrement marqués au niveau des digues n°1 et n°2 (voir paragraphe 7) [1]. Cependant, d'après les observations de terrain réalisées par SystExt en octobre 2022, ces phénomènes se manifestent également au niveau d'autres dépôts, notamment le dépôt d'Hauteval.
(xvi) Les sources de pollutions diffuses associées au déversement volontaire ou involontaire de matériaux résiduaires dans les cours d'eau et dans les plaines alluviales concernent prioritairement : (1) les résidus déversés dans les travaux miniers souterrains à Combecave et à Amédée, qui sont susceptibles de ressortir en surface, à la faveur des circulations karstiques ; (2) le lit majeur des cours d'eau qui ont été soumis à des déversements de matériaux résiduaires comme dans le cas des processus de décantation à la laverie de la Curie (1904-1920) ou dans le cas de la coulée de boue qui a atteint le ruisseau Drauzou en 1966.
(xvii) Les dépôts de déchets miniers présentent des concentrations élevées en plomb (Pb), zinc (Zn) et cadmium (Cd) qui peuvent atteindre : 3 130 mg/kg (Pb), 26 900 mg/kg (Zn) et 63 mg/kg (Cd) pour le dépôt principal de Fèges ; 1 200 mg/kg (Pb), 52 700 mg/kg (Zn) et 146 mg/kg (Cd) pour le dépôt d'Hauteval ; 2 480 mg/kg (Pb), 13 000 mg/kg (Zn) et 43 mg/kg (Cd) pour la digue n°1 ; 1 660 mg/kg (Pb), 10 800 mg/kg (Zn) et 34 mg/kg (Cd) pour la digue n°2 [1].
(xviii) Dans le cadre de la renonciation de 2004, la mise en sécurité a comporté deux phases. La première phase s’est tenue entre 1994 et 1997 et a porté sur la mise en sécurité des travaux miniers souterrains et sur la réalisation d’essais de lixiviation au niveau des résidus des digues n°1 et n°2, qui ont ʺ[conclu] à l’absence de risques de contamination chimique pour l’environnement.ʺ ([1], p. 81) Des analyses en 2012 ont pourtant démontré une "[...] contamination en métaux au droit des résidus sur les deux sites […] en particulier sur le zinc, le plomb, et le cadmium." ([1], p. 72). La deuxième phase a eu lieu en 2002-2003 et a consisté en certaines opérations de remblayage, notamment des bassins du carreau des Justices par des résidus de la digue n°2, et en la poursuite de la mise en sécurité des ODJ [1].
(xix) Seul un très faible volume de résidus issus des digue n°1 et n°2 fut finalement utilisé, du fait de difficultés dans leur commercialisation [1].
(xx) L’arrêté préfectoral de 2013 portant modification des conditions de remise en état des deux digues demande : ʺ[...] sur le site de CAMBURAT ; mise en place d’une étanchéité (géomembrane) en fond des 3 drains principaux (raccordement si alimentées ou suppression) […], création d’un bassin de décantation des eaux avec seuil de déversement dans le ruisseau aval, collecte des eaux au pied du talus nord pour éviter les écoulements sur le chemin ; sur le site de PLANIOLES : investigations sur les puits et sur le réseau de collecte des eaux pour en vérifier l’état et identifier le point de rejet aval, contrôle de l’état du passage sous la route et vérification de la capacité du système à évacuer une pluie décennale, remise en état et amélioration du réseau si nécessaire, mise en place d’un regard de contrôle en bout de réseau pour les analyses des rejets([2], p. 50)
(xxi)
Les travaux miniers souterrains (TMS) sont localisés dans des formations géologiques plus ou moins karstifiées [1]. Les aquifères du secteur sont discontinus, et les échanges entre l’aquifère miniers et les aquifères naturels restent donc difficiles à identifier et quantifier [1].  De plus, certains TMS sont situés au niveau de la ligne de partage des eaux des bassins hydrographiques du Drauzou et du Planioles, complexifiant les écoulements [1].
(xxii) Le principal exutoire des sources est le lit du ruisseau de Planioles, qui comprend notamment un dépôt de résidus [1]. Or, celui-ci présente déjà une contamination importante des compartiments eaux et sédiments en zinc, en plomb, et en cadmium [1] [3]. En hautes eaux, les concentrations en zinc atteignent 170 µg/l dans les eaux et 588 mg/kg dans les sédiments [1]. Les concentrations en plomb atteignent 5 µg/l dans les eaux et 53 mg/kg dans les sédiments. Les concentrations en cadmium atteignent 0,4 µg/l dans les eaux et 3 mg/kg dans les sédiments [1].
(xxiii) Concernant le risque inondation en cas de forte montée des eaux dans les aquifères, deux ouvrages débouchant au jour (ODJ) comportent des émergences minières : un dans le secteur de Fèges et un dans le secteur de Combecave [1]. Ce dernier a connu en 1960 et 1988 des vidanges brutales, justifiant la création d’une zone aléa inondation forte [1]. Depuis, l’ODJ a été bouché par des déchets miniers [1]. Cet ouvrage de rétention ne serait toutefois pas fiable en cas de montée des eaux dans les travaux de Combecave [1].
(xxiv) Les scénarios génériques sont ʺ[...] proposés, pour information, afin d’anticiper un éventuel changement d’usage (scénario générique d’un enfant de 1 à 3 ans logeant de façon permanente dans le logement concerné)([3], p. 25)
(xxv)
GEODERIS recommande en effet de réhabiliter les digues n°1 et n°2, afin d’assurer ʺ[...] l’intégrité et la stabilité sur le très long terme de ces deux ouvrages de stockage [...]ʺ ([1], p. 249). Il est également conseillé de procéder à leur surveillance concernant ʺ[...] la fuite éventuelle de résidus en dehors des lieux de stockage par ruissellement et/ou envol [...]ʺ ([1], p. 250). Des travaux de gestion sont également préconisés au niveau des résidus de la laverie de la Curie pour éviter leur départ dans le ruisseau de Planioles "[…] de façon chronique ou à l'occasion de travaux sur le cours d'eau […]." ([1], p. 250)
(xxvi)
L’information est plus spécifiquement recommandée pour les résidents disposant d’un jardin ou d’une aire de jeux [1].
(xxvii) Dans les courriers envoyés aux riverains concernés par des investigations, les services de l'État leur recommandent notamment : "À plus long terme, le recouvrement des sols par un géotextile adapté avec un filet avertisseur puis de la terre d'apport contrôlé (50 cm) ou avec des revêtements type enrobé ou un gravillonnage dans les zones à nu est recommandé. [...] En cas de fréquentation de la cave par des jeunes enfants de manière régulière, il est recommandé de recouvrir le sol par des terres d'apport contrôlé ou un géotextile. Il est recommandé de mettre en place des panneaux informatifs et/ou de maintenir le couvert végétal en place, voire de limiter l'accès aux zones les plus contaminées." ([4], p. 8)

► Bibliographie citée

[1] GEODERIS. (2021). Étude sanitaire et environnementale du secteur des anciennes exploitations minières des concessions de Planioles (ancienne), Figeac et Planioles (moderne) (46). RP 2020/078DE-20OCC24060. Lien.
[2] Préfecture du Lot. (2013). Arrêté n°E-2013-297 portant modification de garanties financières – Société Capraro et Cie, communes de Planioles et Camburat. Arrêté n°2013-298 portant modification des conditions de remise en état d’une carrière - Société Capraro et Cie, communes de Planioles et Camburat. Lien.
[3] GEODERIS. (2021). Secteur de Planioles (46) - Étude sanitaire et environnementale. Présentation lors de la réunion de restitution des services de l’État aux élus du 21 octobre 2021. Lien.
[4] Préfecture du Lot. (2021). Étude sanitaire et environnementale - Secteur minier de Planioles (46). Présentation lors de la réunion de restitution des services de l’État aux élus du 21 octobre 2021. Lien.

► Bibliographie non citée

• Damiani, L. (1961). Étude de stériles calcareo-dolomitiques de Figeac (Lot) en vue de leur emploi en agriculture. Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM). Lien.